GP France : Logique respectée en danse avec la victoire de Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron

 

Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron ont enfin dévoilé leur nouvelle danse libre ! Musiques de Rachael Yamagata (Duet, puis Sunday afternoon) : à priori pas de bouleversement dans le rythme, assez lent et langoureux. C’était peut-être l’année où ils auraient pu tenter des choses plus folles, plus excentriques. A y regarder de plus près, c’est encore une nouvelle facette de leur talent qu’ils nous proposent, avec une deuxième partie assez intense au niveau de l’expression, je retiens surtout celle de Gabriella, presque torturée. A revisionner, car à leur habitude Gabriella et Guillaume nous prennent par la main en début de programme, et ne nous ramènent sur terre qu’à la fin du programme, qui passe à une vitesse folle. La première place, évidemment, avec 216.78 points.

Victoria Sinitsina et Nikita Katsalapov conservent leur deuxième place (200.38 points). Il fallait oser reprendre la suite ‘Air’ de Bach… On retrouve un programme classique à la russe, avec des lignes exquises et un très joli touché de glace. Quand c’est fait de cette façon, c’est un régal ! Sur la fin de programme, ils ont choisi de rajouter un rythme plus enlevé pour impressionner les juges, c’est dommage, un programme tout en douceur pourrait avoir un impact encore plus grand. Après avoir vu Stepanova/Bukin en Finlande, ils sont mes favoris pour le titre russe le mois prochain.

Avec Piper Gilles et Paul Poirier, on est sûrs d’avoir de l’originalité et de la poésie. Ils explorent encore leur répertoire cette année avec une référence à Vincent Van Gogh ! ‘Nuit étoilé’, c’est le titre de leur musique, c’est également la robe de Piper, bleue nuit. Très joli programme, malgré quelques hésitations. Les notes d’exécution ne sont pas encore au niveau de leurs concurrents, ils améliorent leur note technique de base de 18 points, quand les Russes prennent 22 points, sans parler de Gabriella et Guillaume qui font +28. Belle médaille de bronze toutefois avec 188.74 points.


Marie-Jade Lauriault et Romain Le Gac remontent d’un cran à la 6eme place avec la 5eme place du libre. Musique de Bruno Mars et programme entraînant et acrobatique, le public est conquis !


Adelina Galyavieva et Louis Thauron engrangent eux de l’expérience pour leur premier Grand Prix, ils sont 10eme avec 146.05 points.

 


Gabriella et Guillaume :
On est très contents de notre Grand Prix, on ne s’attendaient pas à de si bonnes notes. C’est la première fois qu’on présente notre danse libre, ça rend forcément un peu anxieux. Au final on est heureux d’avoir pu partager ce moment avec le public.

Une année post olympique est particulière, vu toute la tension qui se relâche après les Jeux. C’est par contre le moment idéal pour essayer de nouvelles choses, pour sortir de sa zone de confort. Pour le libre on est allés voir Stéphane Lambiel… il a certes peu d’expérience en danse sur glace, mais c’est  un avantage car au final son imagination n’a pas de limite, on a exploré ! Et on a continué quand on est rentrés à Montréal, car on a travaillé avec d’autres personnes. Notre musique était dans notre playlist, mais on ne l’avait pas retenue jusqu’à présent car le moment ne paraissait pas propice. Cette année on y a pensé, et on l’a gardée, on étaient curieux de voir ce que pourrait donner sur la glace l’idée de deux caractères différents. L’histoire derrière tout ça c’est le rencontre de deux personnes, deux amants peut-être, dans une relation compliquée… on laisse au public le soin d’imaginer le reste.

 


Victoria et Nikita :
On est vraiment contents, sur cette compétition on améliore nos scores à chaque fois, dans la rythm dance et sur la danse libre, on ne peut pas être plus heureux. On a patiné chacun pour l’autre, et aussi pour le public qui nous a suivis, c’était de bonnes sensations. Le choix de la musique vient d’Alexander Zhulin notre entraîneur, on espère apporter de la fraîcheur sur ce thème.

 


Piper et Paul :
On est déçus forcément de ne pas se qualifier pour la Finale du Grand Prix avec notre 3eme place. Ce libre aujourd’hui c’est typiquement le programme dans lequel il a fallu se battre tout du long, mais on est fiers d’avoir partagé ce moment avec le public. L’histoire de notre programme sur ‘Starry night’ (nuit étoilée) est inspiré de Van Gogh, un artiste qui a dû se battre de son vivant et qui a traversé pas mal d’épreuves jour après jour, avec très peu de reconnaissance, rien n’a été facile. On peut facilement faire un lien avec notre situation et être inspirés de sa vie, nous sommes également des artistes qui nous battons pour faire vivre nos programmes au mieux sur la glace.

Le dernier porté rotatif de notre programme, c’était tout un processus ! On a la chance d’avoir des entraîneurs qui ont beaucoup d’idées, on essayent, on voient si ça marche, et surtout à la fin il faut garder en tête que tout doit respecter les règles, généralement Paul est toujours là pour ça. Sur cet élément on a eu l’idée assez vite, c’est à peu près comme ça qu’il a été pensé, il n’a pas trop évolué. Par contre on a dû changer la sortie car sinon il était trop long, et le réaliser nous a pris du temps. Il a fallu être vraiment en phase, ne pas arriver trop vite, bien trouver l’équilibre, et surtout prendre notre temps. Mais en fin de programme il résume bien ce qu’on voulait faire passer comme image, une idée de légèreté, un élément qui flotte avec peu d’appuis.

 

Marie-Jade Lauriault Romain Le Gac
Dans l’ensemble on est satisfaits de notre Grand Prix ici à Grenoble, surtout que l’année dernière nous n’avions pas pris part à l’étape française. On revient d’une compétition à Innsbruck il y a deux semaines, on s’est entraînés entre temps pour rester à niveau. Là on va retourner à Montréal avant de revenir en France pour les championnats Elite dans 15 jours. On va reprendre la technique, il y a plusieurs éléments sur lesquels on veut retravailler, ça nous donnera une nouvelle base pour continuer la saison, avec deux compétitions en 15 jours on n’a pas trop eu le temps pour ça.

On est quand même un peu déçus par certains niveaux qu’on a obtenus, mais on a l’impression que les exigences des juges augmentent au fur et à mesure de la saison. Il faut creuser encore plus les carres, avec des traces bien définies, on ne peut plus se permettre de passer un peu à plat. Il s’agit notamment du Tango Romantica de la rythm dance, c’est 55s de danse imposée et c’est une danse très exigeante. L’année dernière avec la rhumba, il y avait un gros élément technique difficile, le double choctaw ; on le travaillait avec les coaches, et une fois que c’était au point, c’était à nous de jouer. Avec le Romantica, c’est comme si chacun d’entre nous avait sa propre danse, avec ses pas et ses difficultés, sauf qu’il faut en plus qu’on patinent ensemble et qu’on s’aident l’un l’autre. La partie la plus compliquée est peut-être sur le rocker. On pourrait passer une heure rien que sur une partie ! C’est vraiment dur, mais c’est tellement fun, on n’en a jamais fait le tour ! En plus, la touche Gadbois fait qu’on rajoute des mouvements de tête et de bras, ce qui rend la danse encore plus dure. On va peut-être revenir à quelque chose de plus simple dans un premier temps, pour recomplexifier le tout pour les Europes par exemple.

Pour notre programme libre, on a fait tout le tour de notre playlist, comme on fait habituellement, mais notre premier choix ne faisait pas l’unanimité, il y avait quelque chose qui ne fonctionnait pas. On est reparti dans notre playlist de l’année dernière, et ‘Treasure’ s’est imposé. C’est très entraînant, c’est quasiment impossible que ça ne marche pas. On arrive à s’y investir complètement qu’on patine à 7h du matin, dans une patinoire presque vide comme à Innsbruck ou quasiment pleine comme à Grenoble aujourd’hui. Patrice nous a fait comprendre à demi-mot que c’était un joli défi et qu’il fallait qu’on assume notre choix, car d’autres que nous l’ont utilisé, c’est aussi l’artiste préféré de Marie-France, en gros qu’on ne pouvait pas se rater avec un tel choix ! On donne vraiment tout ce qu’on a, et c’est sûrement la danse avec laquelle on a le plus d’échanges avec le public. Il a toujours très bien réagi, quelle que soit la compétition, et en retour ça nous pousse à ne rien lâcher, c’est comme une partie de ping-pong avec les spectateurs, on adore !

La saison passée a été très intense. On est très reconnaissants de tout ce qu’on a vécu, c’était très fort, très stressant aussi. Après les JO tout l’énergie est retombée, ça a fait drôle. On s’est remotivés pour les championnats du monde, et ensuite tout est retombé une deuxième fois ! Nos entraîneurs ont très bien géré tout ça. Surtout qu’au centre de nouveaux couples sont arrivés, certains n’avaient pas fait les JO, ils avaient plus d’énergie, ça nous a poussés, c’est le bénéfice d’être dans une grande équipe.

Cette saison nos objectifs sont d’améliorer notre place en Grand Prix, d’augmenter notre score sur la rythm dance. Pour les grandes échéances, on vise un top 8 aux Europes, et allez, soyons optimistes, un top  10 aux Monde. On sait qu’on a le potentiel pour ça, reste à travailler encore et encore !