Tous les passionnés de patinage se rappellent encore du jour où Isabelle Delobel a annoncé sa grossesse. Un mélange de joie et de déception s’est alors battu en nous, nous étions heureux pour cette merveilleuse nouvelle et nous avions peur en même temps de ne pas les voir aux JO. Nous avions peur aussi pour eux qu’ils ne puissent pas atteindre leur rêve sportif. Le 1er octobre, Isabelle a mis au monde Loïs, un magnifique petit garçon. Aujourd’hui, Isabelle Delobel et Olivier Schoenfelder reviennent en grande forme. Remplis d’énergie et d’ambition, ils semblent plus forts que jamais. Voulant se servir de toute cette expérience de vie, ils souhaitent relever le plus beau des défis et promettent d’aller à Vancouver pour chercher l’or.
Au Trophée Bompard, Isabelle et Olivier ont organisé une conférence de presse où ils nous ont livré toute l’ambition qu’ils avaient pour cette saison olympique. Souriants et détendus, ils commencent par témoigner leur joie d’être de retour :
Isabelle : « On est très heureux de retrouver les patinoires, les compétitions et le staff. »
Olivier : « On est très heureux d’être ici aujourd’hui et de vous parler de ce qu’on a prévu pour la suite. »
Comment vas-tu, Isabelle ?
Isabelle : « Je vais très bien. Ma grossesse s’est très bien passée, mon accouchement aussi. J’ai terminé également la rééducation de mon épaule, je n’ai plus de soins à faire. Je vais passer un bilan général dans deux semaines pour voir toute les amplitudes. Je suis très en forme, tout va très bien pour moi et le bébé. »
Comment va se passer votre retour ?
Muriel : « On a planifié le retour d’Isabelle et Olivier dans les moindres détails. On va reprendre progressivement d’ici quelques jours. On a également planifié tous les intervenants pour être au top aux Championnats d’Europe. Isabelle a patiné jusqu’à 7 mois de grossesse, ce qui nous a permis de faire tout le programme libre et l’original. Donc on ne peut pas dire qu’on va commencer la saison dans quelques jours. Pour nous, elle a commencé déjà au début du mois d’avril. En ce qui concerne les Championnats de France, nous allons voir encore avec la fédération. Mais l’objectif principal reste les Championnats d’Europe et les Jeux Olympiques. »
Olivier : « On ne sera pas prêts pour les Grands Prix. »
A quoi faut-il faire attention après un accouchement ?
Isabelle : « En priorité, on va commencer à travailler les éléments techniques, l’endurance et les séquences de pas. Les portés et tout ce qui sollicite les abdominaux, on va les placer à la fin. Il faut faire tout de même attention aux muscles au niveau du bassin. Mais je suis suivie par les médecins pour ne pas faire d’erreur. Car même une petite erreur peut faire perdre beaucoup de temps et cette année, on n’a pas de temps à perdre. J’ai également le numéro de téléphone de Liv Grete Poirée qui a été très forte après avoir eu son enfant. Je lui passerai un coup de fil dans les semaines à venir pour qu’elle partage avec moi son expérience. »
Olivier, est-ce que tu as continué à t’entraîner ?
Olivier : « Oui, j’ai continué à travailler, hormis 15 jours cet été. Je n’ai pas eu de partenaire de remplacement. J’ai continué à bosser le programme tout seul, ce qui m’a permis de travailler des aspects comme la puissance que je n’ai pas forcément le temps de travailler en temps normal. »
Est-ce que cette expérience va vous redonner une fraîcheur nouvelle ?
Olivier : « Maintenant, Isabelle est de retour et on a une grosse envie de retrouver la compétition. On est très affamé de revenir sur glace tous les deux ensemble. Cela va peut-être nous redonner de la fraîcheur, mais on a surtout un objectif très ambitieux et on va tout faire pour l’atteindre. »
Isabelle : « La blessure à mon épaule a été très difficile à vivre. Mais l’opération s’est déroulée avec succès, j’ai retrouvé toutes mes amplitudes. En plus, aujourd’hui, j’ai un bébé. Je suis certaine qu’il sera ma force car c’est aussi pour lui que j’irai maintenant chercher l’or.
Vous ne pensez pas que c’est insensé de vouloir aller aux Championnats d’Europe quelques mois après une grossesse ?
Isabelle : « Je ne crois pas que c’est insensé. J’ai la chance d’avoir eu une grossesse sans complications, ce qui nous a permis de bien avancer les programmes. Maintenant, il reste à les travailler. C’est important pour nous d’aller aux Championnats d’Europe pour avoir une compétition phare avant Vancouver. Mais je pense que l’on va de toute manière faire encore d’autres compétitions avant. »
Qu’est-ce que vous pouvez nous dire de vos programmes ?
Olivier : « Pour la danse originale, on a choisi le French Cancan. C’était très important pour nous car cela représente très bien la culture française. Tous les touristes qui viennent à Paris vont voir cette danse, elle est vraiment très représentative de notre pays. Pour le libre, on a choisi La quête de Jacques Brel. Mais on n’a pas envie de tout vous dévoiler. Ce que je peux vous dire, c’est que c’est une danse très personnelle qui est une belle conclusion à notre carrière. On a tout simplement essayé de rester nous-mêmes, sincères, de montrer ce que nous sommes et de faire de notre mieux. »
Isabelle : « On a de la chance d’avoir pu choisir le French Cancan. En plus, Olivier a une belle amplitude de jambe, on s’est vraiment beaucoup amusé à construire ce programme. Dans le libre, on a mis toute notre âme, nos 20 ans de collaboration ensemble. Il est plein de sensibilité. On souhaite vous faire une belle surprise et vous faire chaud au cœur, c’est pour ça que l’on ne veut pas tout dire aujourd’hui. »
Tu vas devoir abandonner ton bébé pour 3 semaines. Vous ne pensez pas qu’il sera difficile de gérer toute cette émotion personnelle en plus de celle des JO ?
Isabelle : « On a confiance en nous et beaucoup d’énergie. Tous les aléas du sport et toutes les expériences que l’on a pu vivre jusqu’ici nous font croire en l’avenir. Je me rends compte du travail qu’on va devoir faire. Il va falloir le gérer et je suis certaine qu’il sera bien géré. Ainsi, cette émotion sera exacerbée, elle sera magnifique et pas négative. De toute manière, pour gagner l’or, il faut avoir plus d’émotion.
Olivier : « Au contraire, la gestion de notre émotion sera une force pour nous. Pendant les JO, ce sera tout le travail qu’on a fait jusque là qui va devoir payer. Toutes les difficultés ainsi que les moments forts que l’on a vécu vont nous porter tout au long de cette saison. Je n’imagine même pas que cela pourrait être négatif. »
Olivier, quelle a été ta réaction quand Isabelle t’a annoncé qu’elle était enceinte ?
Olivier : « J’ai été très surpris. En fait, tout au départ, j’ai été choqué. Le premier mois a été très difficile. D’un côté, j’étais très heureux pour elle car moi-même je suis père et je sais qu’il est important d’avoir un enfant. D’un autre côté, on devait commencer à se préparer pour les JO, le dernier et principal objectif de notre carrière. Aujourd’hui, il va être plus difficile à atteindre, mais notre ambition n’a pas changé. »
Photos ©LucieJ