Grand Prix de France, jour 1 : Guignard/Fabbri logiquement en tête de la rhythm dance, devant Lopareva/Brissaud et Reed/Ambrulevicius

Sans surprise, les champions d’Europe en titre Charlène Guignard et Marco Fabbri remportent la rhythm dance, avec une avance de près 4.5 points sur leurs concurrents (82.20 points). Ils n’ont pas la meilleure note technique de base, mais la qualité d’exécution est là : tout est patiné précisément, proche l’un de l’autre, en douceur. Les costumes, sans paillettes, collent bien à leur choix musical ‘For once in my life’ de Steve Wonder. Ils terminent avec la séquence chorégraphique, patinée barrière-barrière vers les juges, sur une version techno-augmentée de ‘You make me feel (might real)’, c’est efficace, ils s’amusent sur la glace et cela se voit !

Marco :
C’est toujours sympa de venir ici, Charlène est d’origine française et il y a donc des gens qui viennent la voir, on se sent un peu comme à la maison. Le public est chaleureux, on se sent bien.
Ce qu’on a déjà pu améliorer depuis le début de saison sur cette rhythm dance ? Pas le score de toute évidence ! On n’a pas eu beaucoup de temps, donc pas de gros changements, on a travaillé surtout les détails, c’est ce qu’on va continuer à faire après cette compétition. Pour la première fois on s’est sentis en contrôle sur cette danse, c’est toujours un cap à passer dans la saison, on est contents.
Le choix musical a été compliqué, les indications étaient assez floues : danses sociales des années 50, 60, 70… ça veut dire quoi ? On a cherché la définition sur internet, mais cela ne nous a pas avancé, il n’y avait rien de spécifique et beaucoup trop d’options. On a essayé de comprendre ce qu’on attendait de nous. Au final on est très contents de notre choix, c’est notre interprétation des danses sociales’.

Petit bouleversement dans la hiérarchie : Evgeniia Lopareva et Geoffrey Brissaud sont deuxièmes avec 77.75 points, leur meilleur score de la saison, sur une version revue et corrigée de ‘Rasputin’ de Boney M. Dans leurs costumes violet clair pailletés, Evgeniia et Geoffrey dégagent une grande confiance dans leur patinage. Côté technique, leur note de base est identique à celle des Italiens, et la qualité d’exécution est toute proche puisqu’ils sont devancés de moins d’un point. C’est surtout sur la qualité de patinage qu’ils peuvent encore progresser pour se rapprocher des transalpins, qui sont deux points devant. A éviter également, le point de déduction pour dépassement de temps. Mais cette deuxième place aujourd’hui est de bon augure pour la suite de saison, avec les championnats d’Europe en vue. A confirmer demain dans le libre.

Geoffrey :
Effectivement, on revient tout juste du Skate Canada où on a patiné dimanche dernier, et on a enchaîné avec 20 heures de vol pour venir ici, mais on a déjà fait des compétitions à la suite, on a l’habitude.’
Evgeniia :
C’est la vie !’ [en français dans le texte, les échanges étant en anglais]
Geoffrey :
On n’a eu que très peu de temps depuis Halifax, il n’y a pas eu de changements, mais cette danse est déjà plus facile à patiner, on accumule de l’expérience, la séquence de pas partielle est déjà meilleure’.

Troisièmes des derniers championnats d’Europe devant Evgeniia et Geoffrey, Allison Reed et Saulius Ambrulevicius sont aujourd’hui derrière à plus de trois points (74.47 points). La différence s’explique en partie par leurs niveaux de difficulté : twizzles de niveau 3, contre niveau 4 pour les deux premiers couples, et séquence de pas partielle (celle qui inclue les pas du paso doble) également un niveau en dessous. Ils ont choisi des musiques de Rod Steward, dont ‘Da ya think I’m sexy’, dans un style énergique qui, selon moi, manque parfois de nuances. Ils ne devraient pas être inquiétés pour la place sur le podium demain.

Allison :
Nous enchaînons le Japon tout de suite après ce Grand Prix. C’est assez simple pour moi : si je vois le soleil, je dois être debout, sinon je dois dormir !’
Saulius :
On s’est préparés à ce timing serré, surtout qu’on vient de patiner à la Coupe de Nice, et qu’on est retournés 6 jours à Montréal avant de venir ici. Peu de temps donc pour changer des éléments du programme, on voit ce qui marche et ce qui ne marche pas. On améliorera le tout quand on aura plus de temps. Surtout, on arrive à s’amuser plus dans le programme.
Allison :
Le choix de la musique a également été compliqué, on pouvait piocher dans trois décennies… avec les années 80 c’était déjà compliqué, alors avec trois fois plus de possibilités ce n’était pas simple ! On a essayé plusieurs choses, rien ne marchait vraiment, on s’est aussi demandé ce qu’on attendait de nous. Puis on s’est dit que si on s’amusait sur la danse, ça devrait aller. On avait beaucoup aimé notre programme rock sur les Guns ‘n Roses, on a pris des musiques rock de Rod Steward, qui sont en plus un hommage au disco. On est contents de notre choix, on voulait essayer quelque chose de nouveau’.

Emily Bratti et Ian Somerville prennent la 4ème place avec 72.81 points. Ils m’ont surpris sur la séquence de pas partielle, car sur la première section de paso Ian a inclus une position en fente à l’intérieur des pas 8 à 16, ce qui ne me semblait pas autorisé. Ils n’ont pas été pénalisés sur cet élément, les entraîneurs ont donc bien lu les documentations techniques !

La cinquième place provisoire est pour Marie-Jade Lauriault et Romain Le Gac, avec 72.54 points, leur meilleur score de la saison. Les anciens patineurs français, représentant désormais le Canada, entament leur danse avec la séquence chorégraphique, qui traverse latéralement la glace pour finir devant les juges, alors qu’on retrouve plutôt cet élément en fin de programme. Leur medley de musique de Broadway est un choix qui correspond bien à leur patinage, ils laissent une bonne impression en sortant de glace.

J’ai bien aimé également la danse de Katerina Mrazkova et Daniel Mrazek. Les premières notes de leur programme sont celles de la Marseillaise, de quoi se mettre le public français dans la poche ! Pour la suite on traverse la Manche, avec un medley des Beatles (‘Love me do’, ‘Help’, ‘Yellow submarine’, ‘She loves you’). Ils sont 7èmes avec 71.54 points.

L’autre grosse surprise de la journée se trouve dans le camp français : Natacha Lagouge et Arnaud Caffa (9èmes, 65.89 points) devancent Marie Dupayage et Thomas Nabais (10èmes, 64.03 points) !

Les styles sont complètement différents : ‘Voulez-vous’, ‘Gimme ! Gimme ! Gimme !’ d’Abba pour Natacha et Arnaud, et ‘Love is all’ de Roger Glover et ‘More over’ de Janis Joplin pour Marie et Thomas. Les patineurs villardiens ont la note technique de base la plus importante de la compétition, mais la qualité d’exécution joue en faveur de Natacha et Arnaud. Marie et Thomas ont récemment changé le début de leur rhythm dance, avec suppression de la première musique : on sent qu’ils ont moins de vécu sur cette partie (assez flagrant sur les twizzles, où ils manquent de synchronisation), alors que la fin est plus en confiance. A suivre demain !