Takahiko Kozuka remporte son second Grand Prix cette saison, grâce au libre le plus complet de sa jeune carrière. Il devance Florent Amodio, qui a connu à domicile une expérience d’une grande intensité. En résistant à la pression, et en profitant du soutien d’un public enthousiaste, il se qualifie pour la finale du Grand Prix avec une prestation accomplie. L’après-midi avait débuté avec l’annonce du forfait de Brian Joubert, qui provoque beaucoup de questions.
En tête après le programme court, Takahiko Kozuka a conservé sa position sur le libre, avec un contenu technique remarquable qui lui permet d’obtenir le meilleur score sur un programme libre cette saison. Si le quadruple est réceptionné sur deux pieds, il enchaîne avec huit triples sauts, dont deux triples Axel. Et il propose même une combinaison triple Lutz-triple boucle piqué en seconde partie de programme. Kozuka patine désormais avec davantage de sérénité et de confiance, ce qui peut lui permettre d’avoir des ambitions pour la suite de la saison. Seul regret, une composition un peu trop linéaire et classique, alors qu’il peut exprimer plus de nuances.
Florent Amodio prend la deuxième place, avec un score suffisamment élevé pour lui permettre de se qualifier pour la finale du Grand Prix. La performance technique est presque un sans-faute, puisque un léger accroc à la réception du second triple Axel ne l’a absolument pas fragilisé. Et il a pu montrer, à domicile, sa fougue et sa fraîcheur, sur un programme qui reflète sa personnalité exubérante et passionnée. Il vit jusqu’au bout sa chorégraphie, avec une intensité qui ne peut que provoquer l’adhésion. Certes, on peut toujours reprocher l’absence de transitions, une chorégraphie cédant trop souvent à la facilité. Mais Florent patine avec tellement de conviction que ses limites passent au second plan. Sa carrière étant en phase ascendante, il aura bientôt un nouveau statut à gérer. A lui de savoir faire face à d’éventuelles frustrations et difficultés, pour s’installer à long terme parmi l’élite internationale.
Brandon Mroz complète le podium grâce à un programme plutôt solide : il réussit son quadruple saut d’entrée, puis enchaîne avec une combinaison triple Axel-triple boucle piqué. La seule erreur notable est un retournement sur le second triple Axel. Cependant, son retard sur les composantes est important par rapport à Kozuka et Amodio, ce qui peut lui laisser une marge de progression pour l’avenir. La sanction est logique, Mroz ne parvenant pas pour l’instant à faire aboutir des intentions chorégraphiques.
Kevin Reynolds remonte en quatrième position : le contenu est inégal, puisqu’il chute sur le quadruple boucle piqué, ne déclenche pas le second triple Axel, et manque son triple Lutz. Cependant, il réussit le quadruple Salchow, et propose deux combinaison triple-triple, ce qui lui permet d’obtenir une note technique relativement élevée. Du point de vue chorégraphique, sa performance est encore largement insuffisante pour espérer progresser sur la note de composantes. Il fait preuve d’un enthousiasme trop superficiel pour convaincre, et sa gestuelle est dépourvue de musicalité.
Chafik Besseghier prend la cinquième place en profitant du bon classement de son court, puisqu’il n’occupe que la septième place du libre. Si son programme n’a pas été aussi convaincant que celui d’hier, les motifs de satisfaction sont pourtant nombreux. En effet, Chafik a complètement manqué son entrée en ne déclenchant ni le quadruple boucle piqué (la combinaison est donc avortée), ni le triple Axel, et il enchaîne avec un triple Lutz à la réception fébrile. Mais il se ressaisit par la suite en proposant le triple Axel suivi d’un double boucle piqué, puis une combinaison triple-triple. En montrant qu’il peut réagir après une entame ratée, Chafik prouve qu’il a la capacité de supporter la pression, et de se remettre en cause au milieu d’une prestation. C’est donc pour un premier Grand Prix une expérience très positive, qui doit demeurer un tremplin pour l’avenir. On l’attend au tournant dès les championnats de France.
Nan Song prend la sixième place, tout en ayant devancé Chafik au classement du libre. Le bilan technique est contrasté : s’il réussit deux triples Axel (le premier en combinaison avec un triple boucle piqué), il ne déclenche ni le triple boucle, ni le second triple Lutz. Et son patinage, trop appliqué, manque encore de maturité.
Peter Liebers perd une place pour se retrouve en septième position. En échec sur le triple Axel, il a déçu sur le plan technique, et ne parvient pas à se rattraper sur la composition du programme, plus faible que lors du programme court.
Anton Kovalevski est huitième, en ayant davantage convaincu que sur le court. S’il retourne le triple Axel d’entrée, le reste des éléments s’enchaîne sans erreur notable, même s’il faut souligner que le contenu est un peu mince en difficultés (pas de combinaison triple-triple). Enfin, Zoltan Kelemen ferme la marche, avec une qualité de patinage inférieure à ses concurrents. Il réussit tout de même une combinaison triple-triple avec Lutz, et effectue un triple Axel retourné mais à rotation complète.
En marge de la compétition, il faut évidemment noter le forfait de Brian Joubert. Fébrile physiquement (il a évoqué en conférence de presse des bouffées de chaleur), il a souhaité ne pas remettre en cause un travail à long terme. Même si cette décision, à domicile, est logiquement une lourde déception. Après des Masters d’Orléans qui laissaient entrevoir de belles promesses, le coup est rude, alors que les championnats de France se déroulent dans trois semaines. Mais chaque saison, pour Brian, est fait de hauts et de bas, et on peut espérer qu’il parvienne à retrouver la confiance et une stabilité. Les championnats de France, puis les championnats d’Europe par la suite, seront un révélateur bien plus important.